Donc me voilà, du jour au lendemain,
aide-soignant dans un service de gériatrie psy sur le secteur de Bonneval dans le 28, sans même savoir que ce service accueille et soigne des personnes souffrant de handicaps psychiques et psychologiques. Pour moi, c’était un véritable choc. Après seulement quelques jours, je rentrais chez moi chaque soir avec cette même question qui tournait en boucle dans ma tête : “Ils sont fous, ou bien c’est moi qui le deviens ?”
C’est comme si j’étais propulsé dans un monde que je ne connaissais pas, un monde où la réalité est altérée, où les gens vivent avec des souffrances mentales profondes. Confronté à ce nouveau quotidien, je me suis retrouvé face à des situations émotionnellement intenses, où il faut non seulement soigner les corps, mais aussi essayer de comprendre des âmes en détresse. J’ai réalisé que cette confrontation quotidienne avec des vies brisées et des esprits tourmentés me poussait à me questionner, non seulement sur eux, mais aussi sur moi-même.
Me voilà embarqué dans un milieu qui, avec le temps, m’a appris à m’attacher aux gens, à essayer de comprendre le pourquoi du comment. J’ai cherché à tracer une histoire, une vie, à ces personnes parfois invisibles aux yeux de la société, et même de leur propre famille. Mon rôle est devenu celui de faire exister ces personnes, de leur donner une présence, une place dans les lieux qui les hébergent et où elles vivent au quotidien. À travers ces échanges, j’ai compris que, même dans le silence ou l’oubli, chaque personne a une histoire qui mérite d’être entendue, une existence qui mérite d’être reconnue.
En découvrant de nouvelles pathologies et en étant témoin des vies brisées de certaines personnes, j’ai compris à quel point l’environnement dans lequel elles ont vécu, ou plutôt qu’elles ont subi de plein fouet, a façonné leur destinée. Beaucoup de ces personnes, incapables de s’en échapper, ont fini ici, dans ce service, avec bien peu d’espoir. Ce dernier, si je l’ai bien compris, a disparu depuis longtemps, effacé par des années de souffrances.
C’est parfois avec une grande tristesse que je vois des parcours de vie brisés par la malveillance d’autres personnes, menant à cette fin tragique. Que faire ? me demandez-vous. Honnêtement, je me le demande moi aussi. Que peut-on faire, sinon être spectateur du désastre inévitable pour certains, condamnés à une vie gâchée ? Dans ces moments, je réalise que, même si nous ne pouvons pas changer le passé, nous devons, en tant qu’aidants, essayer d’apporter un peu de lumière dans ces vies brisées, ne serait-ce que par la présence, l’écoute, et un soutien aussi humble soit-il.
Étape de vie
Je ne vais pas vous écrire un livre complet sur cette première grande expérience professionnelle dans ce groupe hospitalier, mais sachez qu’après quelques mois de pratique dans ces lieux, j’ai appris plus que n’importe quel diplôme de “gourou guérisseur” ou de “développeur de flux vibratoires” exhibé sur les réseaux sociaux avec publicités et vidéos. Restons humbles.
Je vous garantis qu’après plusieurs mois passés en psychiatrie à “torcher les fesses” de patients paraplégiques, victimes d’AVC ou souffrant de syndromes psychologiques liés à des traumatismes de vie quotidienne, on apprend rapidement à développer une aura de protection. Ce n’est pas simplement une question de pratique, mais aussi un garde-fou vibratoire que l’on se crée pour se protéger soi-même des énergies négatives et pour orienter l’environnement, l’équipe, et les patients vers une ambiance spirituelle plus joyeuse. Dans ces conditions extrêmes, j’ai réalisé qu’il était possible de rediriger les influences et de diffuser une énergie plus positive et bienveillante.